Les Carrières d’Euville, la pierre d’Euville : ce symbole qui nous caractérise encore aujourd’hui. Que serait devenu PARIS sans la pierre d’Euville, que serait devenu Euville sans la reconstruction de Paris.
C’est pourquoi il est important de savoir : Euville, sa pierre, ses carrières, d’Hier à Aujourd’hui.
Acte 1 :
Sans vouloir réécrire l’histoire, à Euville comme dans tous les villages il y avait une carrière utilisée à la construction des maisons du village. Sauf qu’à Euville, on sait très vite rendu compte de la qualité exceptionnelle de notre calcaire très dur très résistant. Preuve en est qu’un bon nombre d’exploitant se sont battus pour la pierre d’Euville.
Les années 1850 à 1900 ont été nos années folles à nous. 60 000m3 de pierre sortaient chaque année de la carrière. 1500 ouvriers travaillaient à l’extraction de la pierre. Les premiers migrants, Italiens pour la plupart, viennent en France apporter de la main d’œuvre tant attendu. La commune engrange les bénéfices et si la décision est prise en 1870 de construire un bâtiment qui soit le reflet de cette richesse et de se savoir faire ce n’est qu’en 1902 que nous aurons enfin l’autorisation de construire la mairie. Initialement dessinée par un architecte Allemand (Honecker) c’est Gutton qui reprendra les plans en 1900, avec les artistes de l’Ecole de Nancy en plein dans le mouvement Art Nouveau : Gruber, Champigneulles, Brand, Majorelle, Vallin, ce dernier faisant reprendre toute la façade d’architecture Allemande pour l’adapter à l’Art Nouveau, des photos sont visibles en mairie.
Tout ce passé ne pouvait disparaitre avec la fin de l’exploitation massive des carrières d’Euville.
Acte 2 :
L’agglos et le béton sonnent le glas de l’âge de la pierre.
Mais on ne peut toutefois pas passer sous silence la construction de l’Eglise Saint Pierre et Saint Paul d’Euville, en 1892, qui trône majestueusement au milieu du village, Chef d’œuvre de l’art néo-roman, avec ses deux clochers à 48m de haut, non ce n’est pas une abbaye, non ce n’est pas une cathédrale, c’est une église c’est notre église. Certains pourraient dire voici Euville avec ses deux anomalies que sont l’Eglise et la mairie, mais aujourd’hui plus que jamais nous en sommes fiers. Vous passez devant mais venez la visiter. Eugène Vallin, Champigneulle y ont participé. Venez voir l’édifice, regardé le dans le détail et quand vous saurez qu’il a fallu 23 mois pour réaliser les travaux vous en resterez bouche bée.
Acte 2 bis :
On lit souvent « Histoire de la pierre d’Euville » mais connaissez-vous la pierre et l’Histoire. En effet, à travers le temps l’extraction de la pierre a été à la base de nombreuses histoires. Histoire locale, histoire sociale, histoire économique, militaire …
Histoire locale : pour l’extraction, compte tenu des besoins énormes notamment pour Paris, il fallait du personnel, la carrière était donc une entreprise qui employée beaucoup d’ouvriers, y compris en saisonnier notamment avec les agriculteurs qui venaient avec chariots et chevaux pour transporter les pierres, sauf qu’en période de beau temps, ils allaient dans les champs, délaissant les carrières ce qui posait donc quelques soucis aux exploitants. Il a fallu, à ces derniers, chercher et trouver des solutions. La migration, notamment des Italiens, a répondu en grande partie à ces besoins.
Par ailleurs, il faut savoir, que compte tenu de la notoriété de la pierre d’Euville, les carrières ont toujours été un centre d’expérimentation de nouveaux matériels : grues, chariots, y compris sur le mode d’extraction ; pas toujours dans le sens amélioration des conditions de travail, mais plus souvent pour augmenter les cadences et la production.
Histoire sociale : durant cette belle époque, la commune dans sa strate, et compte tenu de ses revenus, était considérée comme la commune la plus riche de France : les habitants ne payaient pas l’eau, ni les médecins ni les médicaments. Très rapidement elle eut l’eau sur l’évier, les premiers plans de l’adduction remonte avant 1890. Sur ces plans on peut y voir l’ancienne église entourée du cimetière. La commune était même sur le point de produire elle-même sont électricité. L’atelier communal est le bâtiment qui devait être utilisé comme « usine électrique ».
Histoire économique : du fait de cette richesse, la commune a pu construire une église exceptionnelle, une mairie non moins exceptionnelle, elle a pu acquérir les 400 ha de forêt des bois du château sur le territoire de Sorcy saint Martin. Elle a pu avoir un port aménagé utilisé aujourd’hui comme halte fluviale. Bon nombre des constructions du patrimoine construites en pierre : comme les ponts, les fontaines, avec souvent des dimensions hors normes. D’ailleurs lors de travaux, comme sur le ruisseau l’Aulnois, nous avons récupéré les pierres qui servaient de pont (dimensions 2,50m sur 1,50 sur 30 cm d’épaisseur). Lors de travaux sur les réseaux, il est encore courant que l’on mette à jour des carneaux ou des canalisations en terre cuite qui servaient à alimenter en eau les fontaines du village.
Histoire militaire : pendant la guerre 39-45, le site de la grande carrière a été l’objet de transformation. En effet, l’armée allemande investie les lieux, en intégrant les prisonniers. Des aménagements sont faits par l’armée TODT. Des fosses sont aménagées avec des ponts roulants pour réparer les chars, les vestiges sont encore présents en bout du grand atelier. Le tunnel numéro 9 est quant à lui aménagé pour lancer la fabrication d’une partie des V1. Accès spécifique, blockhaus à l’intérieur et à l’extérieur sont coulés et toujours en place. La Commune et l’A.D.C.P.E. (Association Pour le Développement du Circuit de la Pierre) souhaite prochainement lancer une étude pour entrer et utiliser ce blockhaus comme point d’accueil de touristes et y projeter un son et lumière dans ce tunnel communément appelé « cathédrale » tellement ses dimensions sont impressionnantes. La réflexion ne date pas d’aujourd’hui, mais on a le sentiment que les progrès de la technique permettrait de rendre réalisable ce projet.
Acte 3 :
Réduction de l’exploitation
Comme je le disais plus haut le béton a tué la pierre. Les différentes sociétés exploitants les sites ont baissé les bras, seule la Société FEVRE a tenu jusqu’au moment où elle a revendu l’ensemble de ses actions à ROCAMAT exploitant actuel du site. Dans ce même élan, la Société FEVRE a procédé à la démolition de certains de ses aménagements, les plans que nous avons retrouvé nous retrace ce passé. Mais le plus dramatique à nos yeux c’est qu’elle a vendu une autre partie de ses biens, les logements de la VILLETTE, sans se soucier des accès, des réseaux que la commune doit gérer aujourd’hui, malgré tout la vente s’est faite aux occupants qui ont largement amélioré leur quotidien. Mais le plus grave est la vente de la plus grande partie de ce qui formait la place du village. Il a tout démoli est revendu tuiles par tuiles, pierres par pierres à droite et à gauche notamment dans le midi, détruisant et vendant ainsi l’âme du hameau des Carrières : la place du village, le petit kiosque, les maisons en pierre des ouvriers …. Mais qui se souciait du patrimoine à l’époque ?? Dans les années 70, la société ROCAMAT arrête du jour au lendemain l’extraction en souterrain pour passer à l’exploitation à ciel ouvert à l’arrière de ces souterrains.
Acte 3 bis : premiers sursauts !
Dès les années 1980, la Commune soutenue par le Parc Naturel Régional de Lorraine et l’Office du Tourisme du Pays de Commercy, ce qui ne représente malgré tout qu’une dizaine de personnes qui croyait en ce projet de développer ce qui allait s’appeler « le Circuit de la Pierre ». Le Parc Régional tout fraichement créé chercher un lieu pour pouvoir s’exprimer, et la collaboration fait naitre dans un premier temps les classes du patrimoine, ensuite nous accueillerons sur le site des artistes en résidence, nous créerons en 1991 l’épopée de la pierre qui réunira différents artistes, tailleurs de pierre et des œuvres qui malheureusement disparus aujourd’hui, par contre une autre action appelé « les Jardins à Suivre » réunira plusieurs grandes écoles nationales et artistes internationaux, ou là, les œuvres sont encore visibles aujourd’hui.
Acte 3 ter : second souffle !
En 1995, un arrêté tombe, obligeant tous les exploitants de carrières, à provisionner pour prévoir la remise en état en fin d’exploitation. La Société ROCAMAT fait donc rapidement le point sur les gisements encore exploitable et déclare abandonner de nombreux sites : sur Euville ce sera la grande carrière, la sablière, ou ils abandonnent la location de ces parcelles pour réduire uniquement à l’unité d’extraction à ciel ouvert au-delà des souterrains. Un combat et de longues discussions vont s’instaurer entre ROCAMAT, le préfet de l’époque et la DREAL, (Agence nationale chargée du suivi des sites industriels, notamment sur la sécurisation). Selon les arrêtés d’exploitation, ROCAMAT se devait de remettre en état les sites ; démolition de toutes les constructions, remblaiement des différentes excavations réalisées, voir dynamitage des fronts de taille qui devaient revenir à 45°. Ce qui impliquait à la société de racheter une partie de la forêt, tant sur Euville que sur Vignot pour mener à bien cette solution. Notre combat à nous, a été de dire « remise en état du site ! mais l’état initiale c’est celui que nous voyons aujourd’hui, les fronts de taille, les souterrains, les cavaliers, il n’est pas question de boucher et de bouger tout cela. Un accord est donc tombé en 1996, la Commune reprend l’ancien site des carrières sous sa responsabilité, ROCAMAT réalise des clôtures et des fossés de protection tout autour de chaque site mais reste également responsable du délaissé d’exploitation. Si un fait surgissez du fait de l’exploitation, ROCAMAT reviendrait s’occuper de ces faits. ROCAMAT remettait à disposition de la commune d’EUVILLE toutes ces anciennes carrières y compris celle située sur le territoire de VIGNOT, ROCAMAT que tout ce qui avait servi au label « pierre d’Euville » devait revenir à Euville. La petite carrière anciennement Civet Pommier était la propriété propre de ROCAMAT, dont les 17 ha seront vendus à la commune quelques années plus tard.